Le syndrome de l’imposteur – le fléau des artistes ?



Le syndrome de l’imposteur, qu’est-ce que c’est ?


Je vous donne un indice. Il ne s’agit pas là d’une maladie qui vous pousserait à vous faire passer pour Beyonce lors d’une soirée déguisée ni celle qui vous obligerait à porter un énorme costume vert pour ressembler au bonhomme de Cetelem. En effet, malgré le terme très médical, le syndrome de l’imposteur n’est pas une maladie mais plutôt un mécanisme psychologique qui est aussi connu sous le nom de syndrome de l’autodidacte.

Je ne vais pas chercher à vous inventer une nouvelle définition mais tout simplement vous citer celle de Passeport Santé qui est assez claire : « Ce syndrome  induit une forme de doute chez les personnes qui en sont victimes. Ces doutes les incitent à nier la propriété de tout accomplissement, qu’il soit professionnel ou privé. Selon cette théorie, les victimes ont donc tendance à rejeter systématiquement le mérité lié à leurs travaux et attribuent leurs succès à des éléments extérieurs comme la chance, le travail acharné, leurs relations, certaines circonstances exceptionnellement favorables… »

J’ai pu remarquer en fréquentant des auteurs mais également des dessinateurs, des peintres et des musiciens que ce syndrome touche particulièrement les artistes… et le femmes (ce n’est pas moi qui le dis pour les femmes c’est Futura Science). Je ne suis pas thérapeute ni psychologue mais j’ai mon avis sur la question et vous pensez bien que je vais vous le donner 🙂

Je pense que cela vient en partie du fait que l’on rabâche a beaucoup d’artistes que leur mérite, ils l’ont obtenu grâce à un don, à un talent. Seulement, un don traduit un caractère de l’ordre de l’inné et on oublie alors tout le travail fourni par l’artiste. Ça en revient un peu à dire que le bon Dieu aurait distribué ses bonnes grâces à certains et pas d’autres. Je pense également que pour parvenir à se faire connaître et partager son talent avec le plus grand nombre, il y a parfois un facteur chance qui peut jouer. Ce qui fait dire à certains de mes collègues :

Si je n’avais pas été repéré par Machin, je n’aurais jamais réussi. C’est grâce à Bidule que mon roman a été édité. Sans truc muche mes dessins seraient restés dans l’oubli….

Alors bien sûr qu’il existe un facteur chance qui joue et bien sûr que les contacts sont importants mais parfois l’artiste se cache tellement derrière cela que l’on a presque l’impression que ce n’est pas lui qui a créé l’oeuvre et que tout le mérite revient à quelqu’un d’autre (vous le voyez venir le syndrome ?).

Si je vous parle aujourd’hui de ce syndrome, il faut être honnête, c’est aussi parce que j’en fais les frais. Donc, si tu as cinq minutes devant toi et que ça t’intéresse, assieds-toi et je vais te raconter un peu mon histoire et sinon… bah merci quand même d’être arrivé jusqu’ici et à la prochaine.

Pendant longtemps, très longtemps il m’a été impossible de dire que j’étais auteur. Au mieux, je répondais que j’écrivais des livres quand on me posait la question.

Pourquoi cela ?

Tout d’abord parce que dans un premier temps je ne me sentais pas de dire que j’étais auteur alors qu’aucun de mes écrits n’avaient été publiés. Je sais que pour certains le simple fait d’écrire que ce soit pour soi ou pour les autres suffit pour se qualifier d’auteur et je le comprends mais pour moi ce n’était pas le cas. Je le répète, chacun fait comme il veut mais de mon côté je trouvais cela prétentieux de m’auto-proclamer auteur. Dans ma tête, ça équivalait un peu à dire que j’étais chanteuse parce qu’hier soir j’ai chanté un album entier de Louise Attaque dans ma salle de bain.

Est venu le jour, où mon roman a trouvé une place dans une maison d’édition. Et là, vous vous dîtes bingo, je suis un vrai auteur ! Mais même lorsque j’ai touché du doigt le graal, et que j’ai été éditée, je ne me sentais toujours pas légitime a être appelé auteur et l’univers semblait d’accord avec moi.

Je vous laisse juste sur un exemple vécu la semaine dernière.


– Tu écris des livres mais genre des livres qui sont vendus en librairie?

– Heu… oui.

– Ah ouais, donc c’est ton vrai métier, tu ne fais que ça, tu en vis ?
– Non je n’en vis pas, j’ai un autre métier à côté…
– Ah oui, je me disais bien que ce n’était pas ton vrai métier.

-… 

*Si vous voulez en savoir plus sur mon faux métier, c’est ici.

Tout cela pour dire que même si toi tu n’as pas l’art de minimiser ton travail, ne t’inquiètes pas les autres le feront pour toi. Non je ne me plains pas c’est une simple constatation.

Il y a auteur et auteur et ça on ne manquera pas de vous le rappeler ! Je vous passe le discours du libraire qui vous explique qu’il ne reçoit dans sa boutique que de vrais auteurs pour les dédicaces…

Je pense que tout cela fait partie des raisons pour lesquelles je me suis longtemps sentie illégitime à utiliser le mot auteur…. et encore aujourd’hui.

Selon une étude américaine, ce syndrome toucherait 60 à 70% de la population au moins une fois dans sa vie et comme je vous le disais, cela ne touche pas uniquement les artistes. Il m’a fallu pas mal de temps pour me l’avouer mais je crois bien que je suis atteinte de ce syndrome mais pas de panique, je me soigne ❤ .

Si je n’avais qu’un message à vous faire passer, ce serait celui-ci. Ne doutez jamais de vous ni de votre potentiel et surtout, ne laissez personne minimiser votre travail ou vos efforts. Et s’il vous plait, faites moi plaisir, la prochaine fois que quelque chose de bien vous arrivera, dîtes vous que vous le méritez.


Et vous, avez-vous déjà été touché par ce syndrome
?

 

7 thoughts on “Le syndrome de l’imposteur – le fléau des artistes”

  1. Merci pour votre article, c’est rassurant de voir qu’on n’est pas seul! Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je n’ose jamais dire que je suis aussi auteure (en plus de mon « vrai » métier. C’est vrai ce ne sont que 267 petites pages, d’un petit livre, lu par 2000 petits lecteurs… alors être auteure, j’en suis loin 😉

    1. Bonjour Julie,

      Tout d’abord un grand merci pour votre message qui me fait chaud au cœur. Je suis ravie que vous ayez apprécié cet article dont le sujet me tient tant à cœur. Je crois que tout le monde ne mesure pas l’investissement que demande l’écriture. Pourtant combien d’heures, de nuits, de soirées reportées, de vacances abrégées, de sueur et de cœur sont nécessaires pour parvenir à ce résultat ? Je crois que vous pouvez être fière de vous et que vous avez le droit de vous déclarer comme un auteur tant pis si certains prennent cela comme de l’ego ou autre chose.

      Belle journée et merci pour votre lecture.

      1. Merci beaucoup, je commence ma thérapie aujourd’hui, à partir de maintenant, je m’engage à répondre à la question: « tu fais quoi dans la vie? » en citant d’abord mon faux métier d’auteur avant de parler de mon vrai métier. 😉
        Je vous dirai si ça marche!
        Excellente journée à vous !

        1. C’est une bonne nouvelle ! Vous m’avez donné envie de faire la même chose, allez je m’engage aussi à faire de même, je vous suis !

  2. Jolie retour d’expérience.
    Ce syndrome touche nombreux d’entre nous. Notamment quand on écrit un blog également. On se demande si on est assez qualifiée pour écrire sur tel ou tel sujet. Parfois je me dis que je devrais arrêter parce que je ne suis pas assez qualifiée pour parler des thèmes que j’aborde.
    C’est compliqué de s’accorder le mérite que l’on devrait s’accorder …
    Merci pour cet article qui donne cette impression que nous ne sommes pas seule 🙂

  3. Ouais, je l’ai ce syndrome, c’était pire avant mais maintenant ça va mieux car je travaille sur moi à reconnaître ma valeur et à vaincre certaines peurs. Merci pour ce partage!

  4. Je te comprends le sentiment est partagé. Je suis également d’accord sur le fait que c’est une tendance beaucoup plus prononcée chez les femmes parce qu’on nous pousse toujours à ne pas faire trop de bruit, être arrogante, se la ramener… un homme qui se vante c’est normal il affirme sa masculinité mais c’est déjà beaucoup moins accepté pour les femmes, tout de suite on y voit une connotation négative.
    Morale de l’histoire, quelle que soit la forme de création il y a tout un aspect psychologique à « débloquer » et je ne suis pas sûre que ça puisse s’effacer définitivement. Mêmes les grands artistes reconnus le ressentent tout au long de leur carrière.
    Accroche toi et continue !

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