Un grand merci à tous les participants pour ce concours d’écriture sur le thème de colère. En tout, ce sont 18 textes qui ont été jugés par un jury de 6 personnes. 

Je vous laisse découvrir le texte intitulé « Le colocataire idéal » qui a remporté le concours, bravo à son auteur « Nyamessa KASSI« .

 

 

 

Le colocataire idéal

Quand Damien quitta Elodie, cette dernière envisagea très vite la possibilité de partager son appartement avec un ou une colocataire. La solitude lui était alors insupportable, elle avait besoin d’une présence à ses côtés pour surmonter le départ de celui qu’elle avait espéré voir devenir son époux. C’est ainsi que deux semaines plus tard, moi Arthur, je fis la connaissance de la belle Elodie. Lorsque nos regards se croisèrent, ce fut comme une évidence : elle arrêta de chercher le ou la colocataire, et je m’installai chez elle.
La cohabitation était des plus agréables, et une solide amitié s’établit entre nous. J’étais son confident, son meilleur ami. J’étais toujours là, à l’attendre le soir, quand elle revenait de son travail. Je pouvais l’écouter parler de tout et de rien, pendant des heures, sans rechigner.
Elodie disait que je savais écouter comme personne, et que j’étais d’une patience à toute épreuve, à son égard. C’est vrai que j’étais d’une nature très conciliante, j’acceptais de regarder avec elle, toutes ces niaiseries à la télévision dont elle raffolait. Je répondais toujours présent pour la réconforter quand elle s’apitoyait sur sa petite personne, ou quand elle pleurait encore sur le beau Damien. Cela aurait dû rester ainsi, pour toujours : Elodie et Arthur. Au bout de quelques mois, la situation se dégrada considérablement. Finie, la cohabitation
idyllique entre Elodie et moi ! C’était elle qui avait tout gâché. Elle avait changé, elle était moins souvent à l’appartement, et parfois quand elle était là, elle m’ignorait franchement. C’était une belle ingrate. J’avais toujours été là pour elle, quand madame était malheureuse, mais à présent, elle n’avait plus besoin de moi, la garce ! Et pourquoi ce grotesque bouleversement dans notre vie à deux ?! Elodie était à nouveau amoureuse, et son nouveau chéri s’appelait Laurent.
Laurent était le digne successeur de Damien, encore un crétin prétentieux qui briserait à nouveau le cœur de la belle Elodie. Ce serait bien fait pour elle ! Qu’est-ce qu’elle pouvait m’énerver à me parler, à tout bout de champ de son Laurent, qui était encore plus beau que Damien ! Nous étions tellement bien, juste elle et moi. Maintenant, je devais supporter l’autre imbécile qui empiétait, chaque jour, de plus en plus sur mon territoire.
La première fois qu’il vint à l’appartement, je sus immédiatement que je ne m’étais pas trompé sur son compte : c’était bien un crétin prétentieux qui laisserait bientôt tomber Elodie. Elle, elle était sur son petit nuage, incapable de se rendre compte qu’il la menait en bateau ! Cela se voyait qu’il n’était pas réellement amoureux d’elle ! C’était un type odieux, imbus de sa personne, qui ne parlait uniquement de lui et qui ne s’intéressait jamais à elle. Laurent me détestait également, parce que je voyais clair dans son jeu et aussi, peut-être parce que ma tête ne lui revenait pas.
L’idée qu’il puissse venir emménager chez nous me répugnait, mais c’était une éventualité que je ne pouvais ignorer. Laurent passait plus de temps à l’appartement, et restait dormir la nuit avec Elodie. Ce mufle ne pouvait s’empêcher d’avoir un petit commentaire sarcastique à mon encontre dès qu’il m’apercevait. Je ne disais trop rien, je tenais pour ainsi dire la chandelle au milieu du couple bancal qu’Elodie formait avec cet imbécile. Je ne devais pas trop montrer la rage qui bouillonnait en moi, du moins en présence d’Elodie…
L’altercation entre Laurent et moi survint alors qu’Elodie était sortie faire les courses. C’était lui, le premier, qui s’en était pris à moi. Il ne m’avait pas vu arriver, soi-disant, mais il m’avait fait bien mal ce con ! J’ai riposté…
Quand Elodie rentra dans l’appartement, le désordre régnait en maître. Laurent se précipita
vers elle, en m’accusant de l’avoir attaqué, d’avoir voulu attenter à sa vie. Je me tenais un peu
à l’écart, inquiet de la réaction de mon amie.
— Arthur ne ferait jamais une telle chose ! Il est si adorable…
— Ecoute, ça ne peut plus durer. C’est Arthur ou moi !
— Mais… Tu ne peux pas…
— Bon, ça suffit j’en ai marre ! Je te quitte.
Elodie resta sans voix tandis que je les observais tous les deux, en silence. Laurent alla prendre sa veste  accrochée dans l’entrée, et l’enfila. Puis il se retourna et déclara en me regardant méchamment :
— Elodie, ton chat est un vrai psychopathe ! Tu devrais le faire piquer.
Il sortit de l’appartement, en faisant claquer la porte. Elodie, les larmes aux yeux, s’assit péniblement sur une chaise. J’attendis un moment avant de la rejoindre et me mis à ronronner tout doucement en m’installant sur ses genoux. J’étais surpris par la tournure des évènements mais je ne pouvais que me réjouir de cette issue qui m’était favorable. Tout allait redevenir comme avant : Elodie et moi. Notre vie à deux allait reprendre son cours, sans encombre.

J’étais de nouveau le roi chez moi, il n’y avait plus d’intrus sur mon territoire.

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